Amélie Mansfield[Volume I, pp. 115 - 116] LETTRE XI [Continuation II][p. 115] Le reste de la lettre de ma tante ne contient que des détails peu intéressans pour tous deux. O mon Albert! il y a assurément bien des sujets de douleur pour moi dans tout ce que tu viens de lire! mais le seul qui soit resté sur mon coeur est ce saisissement que tu éprouvas à la nouvelle de mon mariage; hélas! j'acquiers chaque jour de bien tristes lumières sur l'étendue du mal que je t'ai fait: c'est en vain que ta générosité s'est efforcée de me le cacher, la vérité se découvre malgré toi, et je ne vois point sans un profond repentir, qu'atteint dans ton amour, ton amitié et [p. 116] ton honneur par les coups les plus sensibles, c'est la main seule de ta soeur qui te les a tous portés. O mon frère! pourquoi m'avoir caché que tu attachais ton bonheur à la possession de Blanche? cette confidence m'eût sauvée; car, si je n'ai point été arrêtée par l'orgueil du rang, assurément je l'eusse été par ma tendresse pour toi. Albert, après avoir empoisonné ta vie, je sais bien que je n'ai pas le droit de t'accuser; mais, si une fausse exaltation m'a perdue, un excès d'héroïsme t'égara; et si tu n'eusses eu qu'une délicatesse ordinaire, nous ne serions pas si malheureux tous les deux." |