Amélie Mansfield

[Volume II, pp. 102 - 121]

LETTRE LIV [Continuation II]



Ernest à Adolphe


Le même jour, six heures du soir.

[p. 102] Je viens de me baigner dans le lac; il me semble que je suis un peu plus calme; je vais essayer de vous faire le récit de l'affreuse scène qui m'a séparé d'Amélie pour toujours peut-être . . . . [p. 103] Pour toujours, ai-je dit? O mon ami! le croyez-vous possible? puisque je n'ai plus d'existence, de pensées, de facultés que pour elle: vous voyez bien que si je la quitte, il faut mourir . . . . Mais je reviens à vous, et pour pouvoir vous instruire de faits aussi importans, je vais tâcher de mettre quelque ordre dans mes idées.

Avant-hier, j'étais heureux, j'étais auprès d'Amélie, nous avions passé ensemble la matinée entière; nous étions seuls encore, quand Eugène est entré: sa vue ne m'a point déplu, je l'ai pris sur mes genoux; les caresse que j'ai faites au fils ont attendri la mère, et pour exprimer sa reconnaissance, elle a pressé ma main sur son coeur avec une expression céleste. Ce mouvement si pur de sa part m'a causé une émotion bien différente; en m'approchant ainsi de son coeur, elle semblait me dire: "C'est là que je te paie de tout le bonheur que je te dois." Mais moi, en sentant ce sein voluptueux palpiter sous [p. 104] mon heureuse main, en sentant que j'y étais placé et retenu par Amélie même, le feu s'est allumé dans mes veines; loin d'être satisfait par ses regards et ses paroles d'amour, je n'ai plus mis de bornes à mes désirs, et, en m'enflammant de plus en plus, ils ne m'apprenaient que trop que la tendresse d'Amélie n'était que la moitié de mon bonheur. Je ne sais si elle a lu dans mes yeux, mais elle s'est détournée en rougissant. "Pardonne, lui ai-je dit en l'entourant de mes deux bras, pardonne femme adorée, mais tu sais bien que le don de ton amour me laisse encore d'autres voeux à former. -- Elle a cru comprendre que je parlais du don de sa main, et l'abandonnant doucement entre les miennes, ses yeux se sont remplis de larmes, et son front s'est couvert d'une modeste rougeur: je ne sais ce que j'allais lui dire, lorsqu'un domestique est entré pour me donner votre lettre: je ne voulais pas l'ouvrir; Amélie m'y a forcé; je me [p. 105] suis approché de la fenêtre pour décacheter le paquet: en apercevant l'écriture de ma mère, j'ai été frappé de terreur, comme si j'avais prévu mon sort; un nuage s'est répandu sur ma vue; je ne pouvais lire; j'entendais une voix qui me criait: "Viens, malheureux, viens expier ton bonheur: si tu as obtenu l'amour d'Amélie, voici le moment d'en acquitter le prix." Je suis sorti de la chambre sans avoir la force de dire un mot ne de jeter un regard à celle que j'y laissais; je me suis retiré chez moi, et lorsqu'il m'a été possible de lire cette fatale lettre, lorsque j'ai vu l'état de ma mère et ce qu'il exigeait de moi, ma douleur n'a point augmenté; elle avait été portée au dernier terme en ouvrant votre paquet; la seule vue de l'écriture m'avait tout appris: mais quel parti devais-je prendre? Le croiriez-vous, Adolphe, j'aurais bravé la colère de ma mère, si l'intérêt de mon amour ne s'y fût opposé, et c'est lui seul qui a pu donner la force [p. 106] d'obéir à des ordres détestés. Si j'ai un moyen de fléchir ma mère, me disais-je en me promenant dans ma chambre, ce ne peut être qu'en lui peignant la situation où je suis maintenant: mon amour pour Amélie, celui que je lui inspire, le bonheur que je goûte ici, et la résolution que je prends de m'arracher à tant de biens pour être fidèle à mes devoirs; non, il est impossible que son coeur maternel ne soit pas touché de ma soumission, et que la grandeur de mon sacrifice ne désarme pas sa colère; mais si je refuse de retourner près d'elle, et qu'elle en apprenne la cause, et elle l'apprendra, car je ne puis espérance de la cacher toujours, son ressentiment alors ne sera-t-il pas implacable? et si le mariage d'Amélie a détruit sa santé, assurément la rébellion de son fils lui donnera la mort. Que devenir alors? où traîner des jours chargés du poids d'un parricide? La vue même d'Amélie, en me rappelant mon forfait, me deviendrait odieuse, et quand un [p. 107] jour elle découvrirait qui je suis et ce qu'elle m'a coûté, supporterait-elle le malheur qu'elle aurait attiré sur moi? O Ernest! garde-toi d'une faiblesse impardonnable qui, en causant la perte de ta mère, entraînerait peut-être celle d'Amélie. Mais je ne puis partir sans la prévenir; et quel motif plausible donner à ce départ? oserai-je dire la vérité? saura-t-elle qu'Ernest . . . . ô Dieu! me nommer quand je la quitte, avec la connaissance qu'elle a du caractère de ma mère, et quand je n'ai pour la rassurer que la terrible lettre que j'ai reçue devant elle! elle me la demandera, elle la voudra voir: que deviendra-t-elle en la lisant? elle perdra toute espérance, et ne pouvant croire que j'en aie jamais conçu de réelles, elle ne verra dans mon long séjour chez son oncle que le projet de la séduire, et la vengeance de l'orgueil dans l'amour que je lui ai inspiré. Sans vouloir m'entendre, elle s'arracher à moi, m'accablera de reproches, [p. 108] et peut-être avant peu, succombant à sa douleur, expirera-t-elle avec l'horreur d'Ernest dans le coeur? Ai-je donc oublié ce qu'elle m'a répondu quand, sous l'air de la plaisanterie, j'ai essayé de la pressentir sur notre situation? En apprenant ce nom, j'aurais entendu mon arrêt, et il ne me serait resté qu'une ressource. Et c'est moi qui la réduirais à cette extrémité! Quand il serait possible que ma vue, mes prières calmassent son désespoir, ne dois-je pas tout craindre de lui quand je serai absent? il ne faudrait peut-être que le retard d'une lettre, une injure de ma mère, un reproche d'Albert pour la porter à cet excès de douleur où la mort seule . . . . quoi! je hasarderais les jours d'Amélie! . . . . Ah! puisqu'il faut la quitter, ne la détrompons pas; prolongeons une erreur qui nous sauve tous deux; qu'elle ne le sache, ce nom fatal, qu'en apprenant que ma mère consent à notre union; car alors seulement elle sera convaincue que l'amour [p. 109] qui a pu obtenir un tel effort a seul été capable de me donner la force de dissimuler si long-tems; et comme je ne puis être excusable à ses yeux qu'en réussissant dans mes projets, elle ne saura que c'est Ernest qu'elle aime que quand il aura réussi.

Invariablement fixé sur ce point, il me restait toujours à trouver un prétexte pour m'éloigner: je me suis décidé à m'approcher le plus possible de la vérité, en disant que les nouvelles que j'avais reçues de la santé de Madame Semler ma mère, ne me permettaient pas un jour de retard; mais qu'aussitôt que j'aurais obtenu son aveu et celui de ma famille, je viendrais réclamer la main de mon Amélie. Dans cette disposition, je me suis rendu le soir chez elle; mais en la voyant toute en larmes, accablé moi-même d'une bien autre douleur que la sienne, n'ayant aucune consolation à lui offrir, et n'osant lui en demander, j'ai oublié ce que je voulais lui dire; je me suis [p. 110] précipité à ses pieds dans un inexprimable désordre, et, pressant ses deux mains contre ma poitrine, j'ai voulu parler, et les sanglots ont étouffé ma voix. "Henry, m'a-t-elle dit, votre air me fait trembler: que contiennent donc ces lettres? . . . . quel malheur allez-vous m'annoncer? -- Jure-moi, mon Amélie, jure-moi de m'aimer toujours. -- Ah! je le jure, a-t-elle interrompu avec véhémence: quoique tu puisses dire, quoique tu m'apprennes, je te jure un'éternel amour." A ce cri si tendre, mon désespoir s'est adouci; j'ai cessé de me croire aussi malheureux en me voyant autant aimé; et penchant ma tête sur les genoux de mon amie, j'y ai versé un torrent de larmes; les siennes ruisselaient le long de ses joues, et je les sentais tomber sur mon cou. "Tu pleures, mon Amélie, et je ne t'ai rien dit encore. -- Hélas! je pleure de ta peine, a répondu la douce créature en pressant ma tête contre son sein." O Adolphe! que cet état mêlait [p. 111] de charmes à mon affliction! plût au ciel qu'il eût pu se prolonger ainsi toute ma vie! je n'aurais pas demandé d'autre bonheur. Homme sans passions, qui te vantes d'en être exempt, imagine la félicité qu'elles donnent, puisque leurs peines sont encore un si grand bien . . . . Mais que dis-je? quand je meurs, quand la mesure de mes maux ne peut ni se rendre, ni se concevoir, quand je ne suis ni respirer ni gémir, que chaque partie de moi-même semble se multiplier pour souffrir, et que j'endure dans une minute toutes les tortures de l'enfer, je parle de la passion qui les cause comme d'un bien. Adolphe, vous le voyez, mon esprit est troublé, jai perdu ma raison, ma tête est en feu, je ne puis continuer d'écrire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Je reviens; il faut que j'achève cette lettre: voici le tems qui s'avance; encore deux heures, et mon sort sera décidé [p. 112] sans retour. Que sais-je si j'existerai demain?

J'étais aux pieds d'Amélie, je la pressais contre ma poitrine; je lui apprenais mon départ et la raison qui m'y forçait; je ne lui disais rien de mes regrets: ah! qu'ils eussent été faibles si j'avais eu besoin de les dire! Amélie, loin de blâmer ma résolution, m'encourageait à l'exécuter sans retard, et cherchait à modérer mon affliction . . . . la modérer! ah, l'infortunée! si elle avait su que c'était Enest qui la tenait dans ses bras . . . . Mais du mois cette peine lui a été épargnée. "Chère Amélie, lui disais-je, quand j'aurai peint à ma mère et tes vertus et mon idolâtrie, ma mère, qui jusqu'ici n'a vécu que pour mon bonheur, ne s'y opposera pas. -- Henry, m'a-t-elle répondu, je ne vous ai jamais fait de questions sur votre famille; vous paraissiez les éviter; j'ignore quelles ont été vos raisons; je ne vous les ai pas demandées: ma confiance [p. 113] a répondu à tout, et à ce moment même où vous m'allez quitter, je m'abandonne à votre honneur, je vous remets ma destinée, et je vous verrai partir, non sans douleur, mais sans défiance. -- O adorable amie! ai-je interrompu vivement, ne crains point que je trahisse ta noble confiance: c'est à mon retour seulement que tu pourras juger si je l'ai méritée et si j'ai su t'aimer." Je finissais à peine ces mots que la porte s'est ouverte, et M. Granson est entré: nous ne l'avions point entendu venir. Amélie s'est levée en rougissant: je suis demeuré interdit à ses pieds; mais M. Grandson s'est hâté de nous rassurer, et unissant ma main à celle de sa nièce: "Ne vous troublez pas, mes enfans, a-t-il dit, que craignez-vous d'un oncle, d'un père dont tous les voeux sont de vous voirs unis et heureux? Depuis long-tems, Amélie, je vous désire un époux digne de vous: vous avez choici M. Semler; j'approuve votre choix: il [p. 114] vous aime; son caractère est estimable; je sais que sa famille est honnête, mon correspondant de Munich m'ayant confirmé plusieurs fois que le nom de Semler est connu et respecté en Bavière; et quant à sa fortune, que vous importe? vous aurez toute la mienne. -- O mon excellent oncle! s'est écriée Amélie en se jetant dans ses bras. -- Généreux homme! ai-j ajouté en lui baisant la main. -- Oui, mes enfans, votre bonheur fera la joie de ma vieillesse. Mon cher Semler, c'est un ange que je vous donne: payez-moi ce don par son bonheur; il peut seul vous acquitter envers moi." J'étais éperdu, je pleurais, je ne pouvais parler; l'émotion a gagné M. Grandson; sa voix s'est altérée un moment; mais bientôt, essuyant ses yeux: "Quelle folie, a-t-il dit, de pleurer quand on est content! Allons, mes amis, pour sécher nos larmes, parlons de la noce: quand se fera-t-elle? Vous êtes sûrs du consentement de vos parens, M. Semler?" [p. 115] Je n'ai pas répondu; il a paru surpris. "M'entendez-vous? a-t-il repris vivement; je ne suppose pas que vous puissiez avoir de doute sur ce point?" Mon silence a continué. Alors il m'a pris par le bras, et me regardant fixement, il a dit: "S'il était possible que vous eussiez cherché à gagner la coeur d'Amélie, sans être libre de recevoir sa main, je vous regarderais comme le plus vil des hommes. Répondez; répondez sur-le-champ." J'ai tressailli. "Croyez-vous, M. Grandson, que je laisse, même à l'ami, à l'oncle, au second père d'Amélie, le droit de m'interroger sur ce ton? -- O M. Semler! qu'osez-vous dire? a vivement interrompu la plus douce des femmes; et vous, mon oncle, cessez de soupçonner une âme noble et pure comme la sienne: s'il afflige, si la douleur l'accable et l'empêche de répondre, c'est qu'il va nous quitter . . -- Nous quitter, Amélie, quand vous consentez à être à lui? -- Sa mère est malade, et le presse de venir [p. 116] auprès d'elle. -- Comment, le savez-vous? Il me l'a dit. -- Votre mère vous écrit, M. Semler? -- Oui. -- Montrez-moi la lettre? -- Je ne le puis, ai-je dit en penchant mon visage sur mes deux mains. -- Vous ne pouvez, a-t-il repris transporté de colère." Il s'est arrêté un moment comme pour la contenir, et peu après a ajouté d'un ton plus calme. "Et Amélie du moins ne la verra-t-elle point? Ah! je ne le puis! je ne le puis! me suis-je écrié avec désespoir et en frappant ma tête contre le mur." Amélie s'est approchée de moi, et me serrant la main, elle m'a dit d'un ton tendre et douloureux: "Quoi! Henry, vous avez des secrets pour moi? Je vous ai donné mon coeur, ma vie, et vous me refusez votre confiance? -- Amélie, a repris M. Grandson en fureur, cet homme-là est un fourbe, il nous a trompés tous deux. -- O femme adorée! ne le crois pas, ai-je interrompu en tombant à ses genoux; je le jure au nom de ce ceil qui [p. 117] m'entend; quand je t'ai dit que je n'aimais que toi, que je te donnais ma vie, et que ma seule ambition était d'unir mon sort au tien, non je ne t'ai pas trompée. -- Je vous crois, Henry, et pour ajouter foi à vos sermens, je n'ai pas besoin d'explications: loin de vous accuser, je vous plains; ou, puisque vous m'aimez, je vous plains beaucoup d'être forcé de fermer votre coeur à celle qui vous a livré tout le sien. -- Vous êtes trop faible, ma nièce, et dans ces sortes d'affaires, il ne faut pas s'en fier aux discours: je parierais que cette lettre de sa mère est un mensonge, et qu'il n'en a point reçu; qu'il vous montre une page, seulement les premières lignes. -- O mon Dieu! à quelle épreuve m'appelles-tu? me suis-je écrié dans ma douleur. -- Eh bien! vous voyez ce qu'on doit attendre de lui, a ajouté M. Grandson." Amélie a marqué de la surprise. " Amélie, lui ai-je dit, vous avez le droit de me soupçonner, vous avez même celui de m'accabler [p. 118] de trop justes reproches; car il est un point sur lequel je vous ai trompée, j'en conviens: non sur la lettre de ma mère, elle n'est que trop vraie; mais je vous ai trompée . . . . et je ne suis pas justifié encore! et votre intérêt comme le mien m'ordonnent également de me taire! . . . . Ah! si vous pouviez savoir ce que je souffre en vous faisant cet aveu, et la force des motifs qui m'empêchent de m'expliquer dans ce moment, soyez en sûre, vous ne blâmeriez pas mon silence." J'ai vu qu'elle n'était pas persuadée; alors j'ai pris sa main, je l'ai serrée contre ma poitrine: "Amélie, ai-je continué avec une sorte d'enthousiasme, si vous hésitez à me croire, nous sommes perdus tous deux il n'y a plus de milieu maintenant, il faut me regarder comme le dernier des hommes et me rejeter avec mépris, ou m'estimer assez pour vous abandonner aveuglément à ma foi: je vous demande votre confiance, je vous la demande entière et sans réserve . . . . Vous [p. 119] apprendrez un jour si c'était pour en abuser." Elle m'a regardé long-tems; à la fin, elle m'a dit: "Henry, il ne peut pont y avoir de malheur comparable à celui de douter de vous quand vous parlez ainsi . . . . En vain toutes les apparences vous accusent, votre ton m'a persuadée, et je m'engage à ne croire que vous . . . . O mon oncle! a-t-elle ajouté en voyant la désapprobation qui se peignait sur le visage de M. Grandson, ne me blâmez pas trop sévèrement: Henry ne peut être coupable; j'ai là, dans mon coeur, quelque chose qui m'assure que le sien est généreux et sincère, et qu'il est impossible qu'il puisse trahir celle qui, dans une pareille situation, a osé se fier à lui. -- Ma chère enfant, l'amour vous tourne étrangement la tête: ne voyez-vous pas qu'il avoue lui-même vous avoir trompée? Je suis sûr qu'il est marié. -- Non, il ne l'est pas! s'est- elle écriée avec force, mais en même tems elle a pâli, tremblé." Je l'ai soutenue dans [p. 120] mes bras. "Vous avez raison, Amélie: non, je ne suis pas marié; je n'ai promis ma foi qu'à vous -- Eh bien! mon oncle, j'en étais sûre, lui a dit Amélie d'un air triomphant. -- Cela ne suffit pas, mon enfant, et je vais m'assurer s'il est véritablement un homme d'honneur. Vous n'êtes pas marié, M. Semler? -- Non. -- Votre famille est estimable? -- Elle est digne d'Amélie. -- Vous aimez ma nièce? -- Vous en jugerez tous deux quand il me sera permis de lui ouvrir mon coeur. -- Et vous êtes sûr d'être libre avant peu de recevoir sa main? -- Oui, je le suis: un amour tel que le mien ne connaît pas d'obstacle. -- Et vous, Amélie, croyez-vous à tout ce qu'il affirme? -- O mon oncle! sa voix est pour moi celle du ciel même. -- Vous sentez-vous la force de renoncer à lui? -- Hélas! je ne désire pas même l'avoir. -- Et vous faites votre bonheur de lui appartenir? -- Je n'en peux plus connaître d'autre. -- Eh bien, si les choses sont ainsi, rendez-vous [p. 121] tous deux avec moi, ce soir à minuit, dans l'église des pères Récollets; une moine y bénira votre union: en sortant de la cérémonie, M. Semler, vous partirez sur-le-champ pour vous rendre chez vos parens." A cette proposition, je l'ai pressée contre mon sein; mais tout à coup, et en bien moins de tems que je n'en mettrai à les écrire, j'ai été assailli de réflexions qui ont étouffé ma voix, suspendu tout mouvement et glacé mes sens: ces terribles réflexions, les voici:


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