Amélie Mansfield[Volume II, pp. 162 - 163] LETTRE LXIV[p. 162] Pendant qu'on change de chevaux, je puis disposer d'un moment, et comme tous ceux de ma vie entière, il doit appartenir à Amélie. O toi qui m'es chère bien au delà de ce que tu peux imaginer! en te montrant les obstacles qui rendront le consentement de ma mère difficile, je me représente toute ta douleur, je sens les reproches que tu me fais d'être resté si long-tems chez ton oncle, et de t'avoir caché mon nom pour surprendre ta tendresse. O Amélie! je dois te paraître impardonnable; car, du premier jour où je [p. 163] t'ai vue, je connaissais les difficultés de notre union; mais si tu savais avec quelle violence le désir de ton amour s'est emparé de mon coeur; si tu savais comme j'ai été enivré par tes charmes, enchanté de tes vertus, tu excuserais le sentiment qui m'a contraint à la dissimulation. Mais, Amélie, si une passion ardente, irrésistible est le principe de mes torts, compte sur elle, du moins pour les réparer: tu verras de quoi est capable celui qui t'aime; et quand il sera parvenu à désarmer le ressentiment de Madame de Woldemar, à l'attendrir en ta faveur, à la force de reprendre pour toi sa première affection, alors tu pourras comprendre si j'ai pu être maître d'un sentiment assez puissant pour opérer un tel prodige. |