[Un mot concernant les grandes règles dans ce genre, Volume III, pp. 82 - 84] [82] Il y peut-être des lecteurs attachés aux règles strictes, qui pensent qu'un épisode quelconque doit être placé dans le corps de l'ouvrage avant le dénoûment, et qu'on ne peut plus rien avoir d'intéressant à leur dire lorsque le héros est heureux. C'est pour eux que j'ai mis le mot fin après la réunion du comte et de Caroline (quoiqu'ils fussent bien éloignés eux-mêmes de regarder leur histoire comme finie, tant que celle de Lindorf et de Matilde ne l'étoit pas.) Il suffira, sans doute, d'apprendre en deux mots à ces lecteurs-là que Lindorf et Matilde furent unis dans la suite. L'histoire sera dans les grandes règles; ils sauront tout ce qu'ils veulent savoir, et n'auront pas besoin d'aller plus loin. Mais nous aimons à penser qu'il est des lecteurs plus curieux, ou plus sensibles, qui nous sauront gré d'entrer dans les détails d'un événement qui ne [83] peut leur être indifférenet, puisqu'il est si nécessaire au bonheur du comte et de Caroline, qu'on ne peut même imaginer qu'ils puissent jouir d'un instant de vrai bonheur, tant qu'il leur reste quelque inquiétude sur le sort de Lindorf et de Matilde, et qu'ils peuvent se regarder tous les deux comme la cause innocente, mais bien réelle, du malheur d'êtres aussi chers, et dont les intérêts sont aussi inséparables des leurs propres. Une soeur chérie, un ami intime, sont-ils donc des personnages épisodiques? Non, ce sont des parties d'un même tout. Ceux qui se rappelleront que le pauvre Lindorf est parti désespéré de Ronebourg, sans qu'on sache ce qu'il est devenu; que l'intéressante et jeune Matilde, abandonnée de celui qu'elle aime, persécutée par sa tante, vit dans les larmes et la douleur, et qui n'auront aucun désir d'apprendre comment ils se sont réunis; non, ceux-là ne sont pas dignes d'être amis de la sensible Caroline. C'est donc [84] sans aucune crainte de ne pas exciter l'intérêt, que nous allons continuer l'histoire de Caroline, et compléter son bonheur. |