Lorsqu'il [ce livre] fut imprimé le
première fois, ce fut vraiment sans mon aveu, ainsi que je le dis dans mon épître.
Un de mes amis, homme de lettres, connu par la seule bonne traduction du célèbre [v] roman de
Werther, me demanda mon manuscrit, que j'avois écrit uniquement pour amuser
une vieille parente à qui je donnois tous mes soins, et je ne songeois pas à le publier. Il le fit
imprimer sans me le dire et sans nom d'auteur, en ajoutant seulement au titre: Publié par
le traducteur de Werther. Plusieurs personnes ont cru, d'après cela, que c'étoit moi qui
avois traduit Werther, et je saisis cette occasion de détruire cette erreur: c'est M.
George d'Eyverdun, l'ami dévoué du célèbre Gibbon, dont il est tant question dans les
Mémoires de ce dernier1, et j'étois alors cette madame de
Crousas qu'il veut [vi] bien aussi nommer avec amitié. Il s'en est peu fallu que mon
modest petit ouvrage ne parût sous son nom. Vivant avec M. d'Eyverdun, il fut le complice de
sa trahison, et, lorque je m'en plaignis, il me dit: "Je suis si sûr du succès de votre roman, que si
vous voulez me le donner j'y mettrai mon nom." Je lui assurai que personne ne voudroit croire
que le Tacite anglois eût fait un roman. ("Préface de l'Auteur," p. v).
De tous les biens que tu nous donnes,
Le bien qui sait le mieux charmer
Ce n'est ni l'or, ni les couronnes,
Mon Dieu, c'est le don de t'aimer."
1: This list does not include the numerous half-mocking yet fond allusions to romances and novels in general. The characters, narrator and editor of this novel frequently liken the events of the novel and themselves to events and characters in "typical" romances. They also read them.